Annonce des résultats du Concours World Press Photo 2024

Les lauréats mondiaux mettent les histoires de notre monde en images

Parmi les grands thèmes des photos primées au Concours World Press Photo 2024, la guerre à Gaza et en Ukraine, les migrations, la famille et la démence.


Les photos récompensées, sélectionnées parmi plusieurs milliers de candidatures, montrent l’importance de la photographie de presse et de la photographie documentaire. Elles témoignent du courage, du talent et de l’empathie dont font preuve les photographes du monde entier. 

L’Exposition World Press Photo 2024 se tiendra dans plus de 60 villes autour du monde, parmi lesquelles Amsterdam, Londres, Berlin, Rome, Mexico, Rio de Janeiro, Hong Kong, Taipei, Sydney, Toronto et Tunis.

Les lauréats mondiaux du Concours World Press Photo 2024 sont :

PRIX WORLD PRESS PHOTO DE L’ANNÉE
Une palestinienne serre dans ses bras le corps de sa nièce
Mohammed Salem, Palestine, Reuters

Le photographe décrit son cliché, pris quelques jours après l’accouchement de sa propre femme, comme « un moment triste et impressionnant, qui résume ce qui était en train de se passer dans la bande de Gaza. »

La photo montre Inas Abu Maamar, 36 ans, berçant le corps de sa nièce Saly, 5 ans, tuée en même temps que sa mère et sa sœur lorsqu’un missile israélien a frappé leur maison à Khan Younis dans la bande de Gaza.

Le jury a souligné la manière dont cette photo, composée avec soin et respect, offre un aperçu à la fois métaphorique et littéral d'une perte inimaginable.

Le photographe avait déjà été récompensé sur un sujet similaire il y a une dizaine d’années.

Le contexte détaillé de cette photo est également disponible sur le site de Reuters.

PRIX WORLD PRESS PHOTO SÉRIE DE L’ANNÉE
Valim-babena
Lee-Ann Olwage, Afrique du Sud, pour GEO

À Madagascar, le public est mal sensibilisé au sujet de la démence, ce qui a souvent pour conséquence de stigmatiser les personnes présentant des symptômes de pertes de mémoire.

Pour le jury, « ce sujet aborde un problème universel de santé à travers le prisme de la famille et du soin. Les images sélectionnées sont composées avec chaleur et tendresse, rappelant à celles et ceux qui les regardent qu’amour et proximité sont nécessaires à une époque où le monde entier fait l’expérience de guerres et d’agressions ».

Sur cette photo, « Dada Pau » et sa petite-fille Odliatemix, à Madagascar, se préparent pour aller à l’église. Il est atteint de démence depuis 11 ans, c’est sa fille Fara qui s’occupe de lui.

Ce sujet fait partie d'un projet à long terme de Lee-Ann Olwage sur la démence.

PRIX WORLD PRESS PHOTO PROJET À LONG TERME
Les Deux Murs
Alejandro Cegarra, Vénézuela, The New York Times/Bloomberg

Depuis 2019, les politiques de migration du Mexique ont connu un profond changement, transformant une nation historiquement ouverte aux migrants et aux demandeurs d’asile à sa frontière sud, à un pays qui applique des règles strictes en matière d’immigration.

À partir de sa propre expérience de migration, depuis son Vénézuela natal vers le Mexique en 2017, le photographe Alejandro Cegarra a commencé ce projet en 2018. Le jury a estimé que le vécu du photographe comme migrant offrait une perspective sensible ciblée sur l’humain, qui attire l’attention sur l’action et la résilience des migrants. 

PRIX WORLD PRESS PHOTO FORMAT LIBRE
La Guerre Est Personnelle
Julia Kochetova, Ukraine

Avec des dizaines de milliers de victimes civiles et militaires, et alors que l’impasse dure depuis des mois, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne montre aucun signe de paix à l’horizon.

Alors que les médias informent leurs publics avec cartes et statistiques, mais que l'attention internationale se porte ailleurs, la photographe a créé un site internet qui associe le photojournalisme au style documentaire plus personnel d'un journal, pour faire voir au monde la réalité de la vie quotidienne en temps de guerre.

Ce projet rassemble des photographies, de la poésie, des clips audio, de la musique, en collaboration avec un illustrateur et une DJ ukrainiens. 

Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive de World Press Photo :


« Chacun·e des photographes récompensé·es connaît son sujet personnellement, intimement. Cela leur permet de nous fournir une plus profonde compréhension qui, je l’espère, nous ouvrira à l’empathie et à la compassion. Je leur suis reconnaissante, pour leur dévouement, leur courage, leur professionnalisme et leurs compétences.

Exercer son travail, pour les photojournalistes et photographes documentaires, se révèle souvent très risqué. L’année passée, le nombre de journalistes mort·es à Gaza a augmenté à un record presque historique. Il est fondamental de reconnaître le traumatisme qu’ils et elles ont subi, pour pouvoir témoigner dans le monde entier de l’impact humanitaire de la guerre. »

Fiona Shields, présidente du jury mondial, responsable de la photographie au Guardian :


« Toutes les images récompensées ont un tel pourvoir qu’elles transmettent un moment unique, tout en ayant un écho au-delà de leur sujet et de leur époque. C’est exactement ce que nous recherchions. Notre Photo de l’Année incarne parfaitement ce genre d’impact. En plus d’être émouvante, elle constitue aussi un véritable et puissant plaidoyer en faveur de la paix, alors que celle-ci semble parfois un fantasme impossible.

De nombreux·ses photographes travaillent actuellement dans des conditions particulièrement difficiles, parfois presqu’inimaginables ; nous avons voulu nous assurer que tous les travaux présentés soient reconnus. »

À propos du concours

Les photos primées ont été sélectionnées parmi 61 062 candidatures, présentées par 3 851 photographes issu·es de 130 pays. Elles ont d’abord été jugées par six jurys régionaux, puis les gagnants ont été choisis par un jury mondial composé des président·es régionaux et de la présidente du jury mondial.

Les lauréats mondiaux sont sélectionnés parmi les 24 lauréats régionaux. Il y a également six mentions honorables. En outre, cette année, le jury a pris la décision exceptionnelle d'inclure dans la sélection deux mentions spéciales. Les histoires primées seront présentées à plusieurs millions de visiteurs dans une soixantaine de villes autour du monde. Des millions d’autres découvriront quant à eux ces histoires en ligne. 

À propos de la liberté de la presse

En présentant le meilleur au monde en matière de photojournalisme et de photographie documentaire, World Press Photo prend la défense de la liberté de la presse et soutient les photographes en diffusant cette culture visuelle à un public toujours plus large.

En 2023, plus des trois quart des 99 journalistes et professionnel·les des médias morts dans le monde ont été tué·es lors de la guerre d’Israël à Gaza, ce qui en fait l’une des années les plus meurtrières jamais enregistrées selon le Comité pour la Protection des Journalistes. Depuis le début de la guerre, la mort de 95 journalistes et professionnels des médias a été confirmée : 90 palestiniens, 2 israéliens et 3 libanais.

Pour un·e photographe de presse, exercer sa profession peut représenter un danger. À la différence des autres journalistes, les photographes d'actualité doivent être présent·es là où se déroule l'événement — une zone de guerre, un désastre humanitaire ou un endroit où la présence de médias libres et ouverts n’est pas la bienvenue. Notre modèle régional nous met de plus en plus souvent en contact avec des photographes qui vivent et travaillent dans des régions dangereuses pour les journalistes. Beaucoup d’entre eux et elles ne bénéficient d’aucun support. Nous travaillons avec d’autres organisations pour la liberté de la presse, pour aider à améliorer cette situation. 

Notes aux rédacteurs

Dans le cadre de son concours, World Press Photo proscrit l’utilisation d’images obtenues grâce à l’intelligence artificielle, qu'il s'agisse d'images de remplissage génératif ou d'images entièrement générées. Plus d’information.

33 photographes au total ont été récompensés cette année, pour 32 projets (dont deux mentions spéciales). Cela inclut l'équipe lauréate de la région Afrique, composée de deux photographes, Felipe Dana et Renata Brito, qui se partagent le prix.

Tous les détails sur le concours sont disponibles sur notre site internet, notamment toutes les informations sur les prix, les catégories, le jury et le processus d'évaluation.